Les grands chantiers de l'audit interne au Cameroun

AuditConnect : Permettez-nous, tout d’abord, de vous demander de vous présenter à nos lecteurs.

Bien entendu, je remercie grandement le magazine Auditconnect et son promoteur M. Eric Kamegne pour cette opportunité que vous nous donnez de parler de l’association CIACA et d’avantage de notre vision de l’Audit Interne en Afrique et au Cameroun en particulier. Je me nomme FINDJI MBAHE Cyrille, jeune camerounais, je suis depuis Août 2019, Chef de Département Audit Interne au sein de la Compagnie d’Assurances AREA Assurances. S.A. Je suis Auditeur Interne Certifié de l’IIA depuis Juillet 2015 et j’ai terminé un Master en Finances Délocalisé de l’Ecole de Management de LYON. Notre carrière que je considère débutante est à ce jour à près de Huit (08) années d’expériences au sein d’entreprises de secteurs divers : le Transport Urbain, le Pétrole, l’industrie métallurgique, la Logistique et maintenant les Assurances. Je suis père de famille et je caresse le rêve d’occuper des fonctions importantes au sein d’institutions internationales dans le cadre de l’Audit et du Contrôle et développer une initiative sur la gouvernance. Enfin et non des moindres, j’ai l’insigne privilège d’être le Premier Président du Conseil d’Administration de la CAMEROON INTERNAL AUDITORS AND CONTROLLERS ASSOCIATION (CIACA) depuis Janvier 2018.

AuditConnect : Parlez nous un peu de l’association CIACA et de votre rôle comme président du Conseil d’Administration.

Dans le précédent article de votre journal que nous avons pu apprécier, la Présidente du Bureau Exécutif Gaelle KOUSOK a parfaitement présenté les circonstances ayant conduit à la création de CIACA : la suspension de l’IIA Cameroun et la Volonté des jeunes Camerounais d’œuvrer pour la promotion et la professionnalisation des métiers de l’Audit et du Contrôle Interne. L’association est supervisée par deux (02) organes : le Conseil d’Administration qui est chargé de la définition de la Politique Générale de l’association, la recherche des partenariats de haut niveau pour l’association et surtout la surveillance de l’action du Bureau Exécutif. Celui-ci est la cheville ouvrière de l’association qui met en œuvre la politique définie par le Conseil d’administration et rend compte au Conseil d’Administration. Pour ce qui est de notre nomination à la Présidence de ce conseil, je ne dirais pas que j’étais le meilleur à l’instant, je pense que les membres de l’époque ont fait confiance à notre vision et notre dynamisme pour la légalisation de notre association. Le conseil de CIACA à ce jour est constitué de trois membres : M. ASSIGA Julio, membre et Président du Comité d’Audit, M. KAMEGNE FOM Eric CIA, CRMA, CGAP- Vice-Président et moimême.

AuditConnect : Vous avez fait allusion à votre vision, quelle est-elle et quels sont les chantiers qui ont déjà été menés par l’Association CIACA ?

L’association CIACA a réalisé une analyse des échecs des organisations précédentes et cela a permis aux membres du Conseil et à moi-même de définir les priorités de notre association :

• La mise sur pied de texte et d’une gouvernance exemplaire et surtout leur application quotidienne. On a coutume de dire que les beaux textes ne suffisent pas mais c’est à l’application que l’on pêche généralement. Ainsi, les textes fondateurs ont été écrit et légalisés en Avril 2018. Ils sont mis à la disposition des membres afin que ceux-ci les observent mais d’avantage pour qu’ils puissent aider efficacement à leur amélioration continue

• La gestion participative et transparente des activités. Dans le déploiement des activités, nous nous sommes engagés à ce que les membres participent à la majorité des décisions de l’association, des réunions régulières et des activités sont organisées pour permettre à tous les membres de se sentir impliquer et ainsi accroitre leur niveau d’engagement et surtout de dynamisme.

• L’ouverture au plus grand nombre et à la jeune génération : notre association a pour vocation de faire rayonner le métier d’Audit Interne et nous savons que cet objectif passe par la construction d’un groupe fort aussi bien quantitativement (en convainquant les professionnels de haut niveau que compte notre pays) et qualitativement (par l’amélioration de la formation tant professionnelle qu’Académique en associant donc les étudiants)

Pour ce qui est des activités déjà réalisée par l’association, je citerai de manière non exhaustive : • Une dizaine d’atelier débats à l’intention de professionnels et étudiants sur les thèmes de l’Audit et du Contrôle • Le mois de mars a marqué le lancement de rencontres avec les étudiants et encadreurs dans le domaine de l’audit à travers le CIACA Tour. • La Publication du Journal mensuel de l’association • La mise sur pied d’un site WEB et de pages de communication sur les réseaux sociaux • Les rencontres mensuelles/trimestrielles entre les membres pour les questions liées à l’organisation de l’Association. Je profite de cette plateforme pour féliciter l’ensemble des membres qui je vous l’assure sont pour la plupart des professionnels aguerris mais aussi des personnes formidables et en particulier Mme KOUSOK Gaelle, Présidente du Bureau Exécutif et notre Vice-Président qui ne ménagent pas leur efforts pour développer cette vision au quotidien.

AuditConnect - Parlons avec vous des enjeux et défis de l’Audit Interne en Afrique et au Cameroun en particulier. Quelle lecture faites vous ?

De ma petite expérience et connaissance, je peux dire que les métiers de l’Audit et du Contrôle Interne connaisse une évolution disparate entre les pays Anglo-saxons et du Maghreb où l’on observe une certaine maturité et les pays francophones où c’est poussif ! Plusieurs organisations regroupant les auditeurs Internes en Afrique existent et sont très mal connu par les auditeurs au Cameroun. On peut citer l’AFIAA (AFRICAN FEDERATION OF INSTITUTE OF INTERNAL AUDITORS) qui regroupe tous les instituts organisés d’auditeurs interne en Afrique. On Remarque que ce sont les instituts des pays anglo Saxons et maghrebins qui y sont très actifs. Au niveau francophone, l’IFACI a une branche africaine UFAI (Union Francophone des Auditeurs Internes) qui promeut les activités des instituts d’Audit Internes en Afrique francophone. Malheureusement, il est aisé de noter que l’impact reste encore à désirer dans le quotidien des auditeurs internes et l’intérêt n’est pas grandissant au fil des années. D’autre part, la seconde phase de l’étude sur l’Audit Interne mené par l’expert PINGA PINGA Rigobert pour le compte de l’IIA, a clairement relevé que la fonction d’Audit interne est encore émergente dans les pays francophones dont le Cameroun. Et ce qui m’a d’avantage frappé et avec lequel je suis entièrement d’accord, c’est la gouvernance institutionnelle qui est le principal baromètre de l’évolution des métiers d’Audit et contrôle internes tant dans le secteur privé que public.

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AuditConnect : Quelles sont Les solutions d’amélioration, ou comment pensez-vous que l’Audit Interne pourra gagner ses lettres de noblesses en Afrique et au Cameroun ?

Comme tous les professionnels et acteurs qui s’intéressent à la question nous avons bien entendu notre avis sur la question. Au niveau Africain, il serait indiqué que les organisations supra nationales gagneraient à sensibiliser les auditeurs au travers des communications sur les réseaux sociaux ou des plateformes à l’instar de AUDITCONNECT qui de mon point de vue est une innovation salutaire pour ce métier ! J’encourage les promoteurs et je les invite à prendre attache avec les présidents des associations et instituts qui me paraissent très dynamiques en ce moment : je pense à l’AGACI au Gabon et à l’IIA Congo afin de créer un impact fort au niveau institutionnel. Pour ce qui est du le développement de l’Audit Interne au Cameroun, il doit être « endogène » et « exogène » à la fois. Lorsque je parle d’exogène c’est en rapport à l’environnement économique et Politique dans lequel évolue notre métier. Je vous ai tantôt parlé de notre Héritage culturel qui ne favorise pas trop la légitimation des contrôles opérationnels et en outre favorise les diplômes et capacité d’obédience francophone. Or l’institut de référence en Audit Interne est Anglo saxonne. Il faudrait que les évolutions réalisées dans les pays anglo saxons en matière de gouvernance soient vulgarisées dans notre environnement à l’instar de ce qui se fait dans le milieu bancaire où la COBAC a, de notre point de vue développé le plus haut niveau de gouvernance et de gestion des organes de contrôle interne dans notre environnement. Je citerai également les avancées que continue à faire la CIMA, il faudrait que les secteurs Industriels et des services emboitent le pas. L’autre aspect qui est endogène car dépendant des Auditeurs Internes et des Structures d’Audit Interne elles-mêmes, passe par la professionnalisation et une plus grande visibilité de l’apport des métiers de l’Audit et du Contrôle Interne aux yeux des dirigeants et des autres acteurs du monde des affaires. Pour cela, nous sommes appelés à définir au niveau du Cameroun des standards adaptés en termes de profils de l’auditeur Interne, du Contrôleur Interne et d’organisation de services d’Audit qui rencontrent les besoins des entreprises locales et permettent de contribuer à leur développement. Je crois fermement que CIACA a son rôle à jouer sur cet aspect et j’invite tous les professionnels et étudiants à nous rejoindre pour la réalisation de cette ambition que je pense est vitale à l’amélioration de la gouvernance de nos institutions et du statut de l’Audit interne qui doit pouvoir atteindre celui des experts comptables.

AuditConnect : Nous vous remercions

Merci à l’équipe AuditConnect

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